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Municipalités: démissions en cascade et instabilité

Municipalités: démissions en cascade et instabilité

L’obligation pour les maires de se consacrer à plein-temps à leurs fonctions votée en pleine période électorale a été la première cause de démissions notamment dans le gouvernorat de Medenine, les maires démissionnaires exerçaient des professions libérales. Ils ne seront pas les seuls. Renonçant à leurs fonctions de maire et non leur mandat d’élu, il aura suffi au conseil d’élire à nouveau un président et la vie a repris alors son cours.

Des démissions, il y en a des plus anodines à l’image de celle du maire de Haouaria (Nabeul). Il a renoncé à son mandat de président du conseil et non d’élu pour des raisons médicales. D’autres démissions sont cependant plus symptomatiques d’un malaise. En effet, une autre vague viendra marquer la vie des conseils municipaux nouvellement élus notamment à Souk jdid, Sidi Bouzid. Les élections partielles s’y tiennent en mai 2019. Sur un conseil de 18 membres, 11 présentent leurs démissions. Le conseil est dissous, des municipales partielles sont convoquées. Le motif de ce départ: l’absence de communication avec le maire. D’autres municipales partielles sont prévues en juillet 2019; dans une ville de 73 mille habitants. C’est la municipalité du Bardo qui est en passe de connaître le même scénario. Présidée jusqu’alors par Zeineb Ben Hassine, la tête de liste d’Ennahda, le conseil municipal de cette ancienne ville beylicale est divisé. Plus de la moitié (17 sur 30) a présenté sa démission au gouverneur. 

C’est un projet d’envergure nationale qui a cristallisé les tensions: le RFR. Des manifestations ont eu lieu contre le tracé du chemin de fer en construction du Réseau Ferroviaire Rapide, un tracé qui « divise la ville en deux » selon les opposants. Bien qu’un arrêté municipal portant suspension des travaux a été voté par la majorité des élus, la maire n’a pas pris acte et encore moins appliqué.

L’application des arrêtés municipaux pose souvent problème quand il faut se référer à une institution dépendant de l’Etat central ou une administration régionale.

Le problème de la police municipale qui ne dépend plus de la mairie en est une parfaite illustration Cependant, il est plus rare qu’il y ait des majorités qui se dégagent sans que le maire soit inclus. La démission d’un ou plusieurs élus est perçue comme un échec dans les médias, or, c’est aussi un outil de gestion des conflits. La menace de la démission a d’ailleurs été un outil parfois efficace pour peser sur le rapport de forces à l’image de la menace de la démission des élus de Haouria après le scandale de Garaat Haouria l’été 2018 et de la mairie de La Marsa, hiver 2019.

Mairie de La Marsa VS Gouverneur de Tunis: le pouvoir de décider, l’impuissance d’agir

Même le bureau local d’Ennahda a appelé la représentante de son parti à démissionner et le conseil à élire un nouveau maire. Dans son communiqué, Mourad Bel Haj Romdhan appelle dans le premier point à un “dialogue positif”. Au-delà de la formule d’usage, il y a là un vrai enjeu: la résilience de ces assemblées à produire des décisions démocratiquement élaborées et à les appliquer. L’idée que des élections libres et démocratiques suffisent pour accoucher d’une volonté commune s’avère être un raccourci. 

فريق بر الامان La rédaction de Barr al Aman

Mohamed HADDAD

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