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Médicaments: le vrai du faux (Interview)

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Mohamed Haddad, rédacteur en chef de Barr al Aman Recherche Médias, a réalisé une interview avec Mathieu Quet, sociologue et auteur d’Impostures pharmaceutiques. Il est chargé de recherche auprès de l’Institut de recherche pour le développement. Ses travaux l’ont conduit en Inde et au Kenya.


Mathieu Quet (2018), Impostures pharmaceutiques. Médicaments illicites et luttes pour l’accès à la santé, Paris, La Découverte, 248 p.


Qu’est-ce qu’un faux?

Chasser le faux, chercher l’original. La quête de pureté appliquée à l’industrie pharmaceutique est un refrain souvent répété par les Etats. Combattre les “faux” médicaments ne provoquerait aucune résistance et mettrait tout le monde d’accord tant la mission semble noble et juste.
Mais qu’est-ce qu’un faux-médicament? Est-il dangereux, illicite, illégal, contrefait, copié, piraté, “génériqué”, inefficace, dangereux… ? Le livre comprends plusieurs éléments de réponse, dont voici une synthèse.

Les services des douanes ont la mission de lutter contre la contrefaçon. Ces services publics se retrouvent les dépositaires de la protection de la propriété intellectuelle et des intérêts des entreprises pharmaceutiques dominantes. Elles gagnent d’autant plus en importance quand elles opèrent dans des hubs portuaires mondiaux, à l’image de Rotterdam, Pays-Bas, premier port européen. Comment peuvent-elles considérer qu’une marchandise, en l’occurrence les médicaments, sont contrefaites?

Comment le livre Impostures pharmaceutiques, Médicaments illicites et luttes pour l’accès à la santé a-t-il été reçu par les firmes pharmaceutiques?

Impostures pharmaceutiques de Mathieu Quet, comment l’industrie pharma a-t-elle réagi?

Le “régime logistique”

Au-delà de la propriété intellectuelle, quels sont les obstacles d’accès aux médicaments? La crise du Covid-19 et notamment l’approvisionnement en masques et autres matériel de protection individuelle a dévoilé les fragilités des chaînes de distribution mondiales dans le secteur de la santé.

Médicaments: transport et logistique, des talons d’Achille?

Il y a nécessairement un excipient ou un composant des médicaments génériques ou princeps qui provient d’Inde ou de Chine. Des acteurs de l’industrie pharmaceutique tunisienne nous ont confirmé cela, ajoutant que parfois, les “génériqueurs” se fournissent chez les mêmes fournisseurs que les producteurs de princeps. Un pays, à lui seul, pourrait ébranler cette chaîne voire la rompre à nos dépens.

C’est ce que Mathieu Quet a qualifié lors de notre entretien de “dépendance en chaîne”


Comment s’organise la mobilisation?

Les industries pharmaceutiques s’organisent afin de tirer profit autant que possible et se demandent: “Jusqu’à quel point on peut faire payer un médicament cher sans qu’on soit accusés de rapaces?”

L’ouverture au plus grand nombre des débats sur les politiques de santé est laborieux. Les accès sont limités par la complexité et la technicité des termes de ce débat. Toutefois, ces barrières d’accès servent principalement les intérêts des dominants dans ce secteur mondialisé, à savoir les industriels, qui drapent la financiarisation de la santé par de beaux discours et de bonnes intentions. Qu’en est-il des organisations non-étatiques?

Mohamed HADDAD

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