Research Media

Et si le report des élections municipales était une fuite en avant?

Contents

L’annonce du résultat préliminaire des candidatures aux élections municipales, vendredi 23 février 2018 est non seulement, le signe du maintien du calendrier électoral, mais elle représente également un signe rassurant quant à la nécessité du déroulement des élections municipales le jour convenu c’est-à-dire, le 6 mai 2018. Ce besoin d’assurance est survenu après une série de reports de la date des élections municipales, et ce, suite aux demandes des différentes composantes de la scène politique, représentées au sein des sphères de pouvoir et en dehors d’elles.

Qui a demandé auparavant le report des élections municipales ?

Un nombre de partis politiques se sont mobilisés pour repousser la date des élections du 17 décembre 2017 au 25 mars 2018, ensuite au 6 mai 2018. Les observateurs ont retenu leur souffle durant la période précédant la clôture des candidatures, le 22 février selon le calendrier électoral. En effet, les raisons pour lesquelles les partis ont demandé le report des élections sont restées d’actualité : des doutes persistants entourant la capacité opérationnelle du conseil et de l’administration de l’ISIE ainsi que le retard dans l’adoption du code des collectivités locales.

Certains expliquent également que la volonté partis de reporter les élections  est due à leur volonté non déclarée d’augmenter leur chance de composer plus de listes électorales et de gagner du temps.

Est-ce que les partis ont su exploiter le temps supplémentaire ou l’ont-ils gaspillé ?

L’annonce des résultats préliminaire des listes candidates aux élections municipales le vendredi dernier infirme le fait que la majorité des partis est prête pour les premières élections municipales après la révolution – ceci n’est bien sur valable, que si l’on admet que l’état de leur préparation est le reflet du nombre de listes candidates.

Il est opportun de s’intéresser au nombre de partis ayant demandé le report des élections. Ces derniers sont, soit candidats sur toutes les circonscriptions municipales (Ennahdha et Nida), soit complètement absents de la course municipale, ils n’ont donc présenté aucune liste (UPL). Il y a également des partis situés dans l’entre-deux, c’est-à-dire qu’ils ne se sont présentés que sur certaines circonscriptions, c’est notamment le cas du parti Machrou Tounes qui s’est présenté sur 84 circonscriptions ou encore celui du mouvement La Tunisie d’abord et celui du parti de l’Avenir, qui se sont présentés à une seule circonscription.

Si les résultats font apparaître que le taux de participation des partis ayant demandé  le report a baissé, exception faite des deux partis Ennahdha et Nida, ceci nous amène à nous poser d’autres questions, dont une des plus importantes : Ces partis ont-ils su exploité le facteur temps en leur faveur ?

Des listes indépendantes partisanes ?

L’augmentation du nombre de listes indépendantes est remarquable à l’œil nue au regard de deux éléments : le peu de listes partisane présentes pour un seul arrondissement municipal, et le fait qu’uniquement deux partis ont pu se présenter à toutes les circonscriptions municipales (350).

On a douté de l’indépendance de ces listes par rapport aux partis politiques, certains avaient expliqué l’augmentation de leur nombre par le fait que les partis les ont utilisé comme subterfuge afin d’échapper à la condition d’égalité horizontale exigée par la loi électorale, condition dont sont exemptées les listes indépendantes.

 

 

« Il est interdit que plusieurs listes appartiennent à un même parti, ou à une même coalition dans une même circonscription électorale. ». Article 49, loi relative aux élections et  référendums.

 

 

Le président du groupe de Nida Tounes à L’Assemblée des représentants du peuple, Sofien Toubel, n’a pas hésité à affirmer ces doutes en reconnaissant que plusieurs de ces listes « indépendantes » sont soutenues par son parti, surtout celles qui contiennent le mot فبحيث (Par conséquent).

Par conséquent, une question se pose d’elle même : Que signifie l’appartenance d’une liste à un parti ? Est-ce qu’au final, le report des élections municipales pour plus de 5 mois à bien eu lieu ?

* Les listes du Front populaire ont été comptabilisées comme étant des listes partisanes, bien qu’elles soient techniquement des listes issues d’une coalition, puisque le Front populaire est une coalition de plusieurs partis.


Cet article a été traduit en français de manière bénévole par Yasmine Gmar, étudiante en droit à Paris. L’équipe de Barr al Aman la remercie de rendre ce travail disponible aux lecteurs francophones.

Chaima Bouhlel

Add comment